Aucun nuage à l'horizon pour les projets ERP. Ou plutôt si, puisque le "cloud" serait en train de s'installer durablement tant dans la stratégie des éditeurs que dans l'approche des entreprises utilisatrices. Si la plupart des études montrent que près d'un tiers des ERP installés fonctionnent aujourd'hui en mode SaaS, la proportion irait bien au-delà dans les entreprises intermédiaires ou de petite taille.
Le panel de la première table ronde
"Dans les structures de moins d'une vingtaine de salariés, qui n'ont pas de spécificités particulières et peuvent se contenter de fonctionnalités standard, le rapport est même inverse avec près de trois quarts des ERP en SaaS", selon le constat de Christophe Jourdan, responsable avant-vente grands comptes chez Isatech, intégrateur Microsoft Dynamics. Les plus grandes avanceraient vers le modèle de façon plus mesurée, par petites touches, pour appréhender graduellement l'impact technologique, économique et même humain sur des périmètres limités. "Dans les groupes d'une certaine taille, l'évolution du système d'information vers le cloud s'opère le plus souvent par vague", observe effectivement Jean-Christophe Plazanet, head of center of excellence cloud au sein de Capgemini Technology Services, chez Capgemini. "Elle commence en général par le CRM, puis les RH, avant de toucher l'ERP".
Huit dossiers sur dix portent sur une solution en SaaS
De l'avis de tous les participants aux deux tables rondes, il n'y aurait plus vraiment de domaines rédhibitoires. Pour autant, "il ne faut pas chercher à tout mettre dans le SaaS", a conseillé Pierre Gueguen, président d'Ubister, revendeur-intégrateur SAP Business ByDesign, citant l'exemple de certains processus industriels très complexes. Autre exception, pointée par Brice Fritschy, responsable commercial ventes directes chez Proginov : le cas des bureaux d'études, amenés à manipuler des fichiers (plans, simulations, etc.) très lourds. "Une solution intermédiaire a été trouvée en travaillant sur les fichiers en local et en s'appuyant sur des systèmes de synchronisation différentielle", a-t-il expliqué.
Quoi qu'il en soit, sur le périmètre fonctionnel des ERP, le mouvement vers le SaaS serait bel est bien enclenché. Et le parc installé en constante progression. "Si actuellement, 60 % des ERP de notre parc installé fonctionnent encore en mode on-premise, cela est dû au poids de l'histoire", indique Brice Fritschy. "Car dans les nouveaux dossiers, huit demandes sur dix portent désormais sur du SaaS". Existe-il un profil type de client ? Jean-Christophe Plazanet en distingue trois : ceux qui ont un ERP vieillissant et veulent le remplacer intégralement, ceux qui utilisent un ERP on-premise en central et choisissent le SaaS pour équiper de nouvelles entités (sites, filiales, etc.), ceux qui souhaitent étendre la couverture fonctionnelle de leur ERP et décident d'ajouter des modules en SaaS.
D'ailleurs, "c'est avant tout pour une question d'agilité et la rapidité de déploiement que les entreprises optent pour le SaaS dans le cadre de leur projet ERP", a embrayé Jérôme Froment-Curtil, directeur général de Unit4 France. Mais aussi pour les avantages économiques, lors de la mise en place avec un retour sur investissement très court, ainsi que dans la durée. "Dans une configuration SaaS, vous connaissez tous les coûts, alors que dans le cas d'un ERP on-premise, beaucoup sont cachés ou imprévus", a détaillé Jean-Christophe Plazanet.
Le panel de la deuxième table ronde
Les atouts du SaaS ne s'arrêteraient évidemment pas là. "Grâce à la mutualisation, le modèle procure davantage de puissance, puisqu'un large éventail de fonctionnalités est disponible en standard, toutes activables à la demande", a ainsi rappelé Pierre Gueguen. Les ERP en SaaS apporteraient également une ergonomie moderne. "Leurs interfaces utilisateurs sont comparables à celles des applications sur smartphone, sans commune mesure avec les écrans désuets des ERP historiques", estime Jean-Christophe Plazanet. "Souvent aussi, leurs fonctionnalités sont innovantes et ils proposent des outils décisionnels complètement intégrés". Totalement en phase avec lui, Pierre Gueguen a précisé que "le SaaS permet d'intégrer plus facilement, via de simples connecteurs, des fonctionnalités mal couvertes par les ERP, dans les domaines de la logistique, des achats ou de la gestion d'entrepôt par exemple". Du coup, tout le système de gestion aurait tendance à s'aligner sur le modèle, devenant plus facile à implémenter et à utiliser. "Le SaaS apporte aussi plus de sécurité et de services (maintenance, mise à jour, etc.), que les entreprises n'ont pas à gérer en interne, ce qui leur permet de se concentrer sur leur activité", a poursuivi Brice Fritschy. Enfin, grâce à l'utilisation de fonctionnalités standard, le SaaS serait une manière efficace d'imposer des bonnes pratiques et de limiter les développements spécifiques.
Un certain nombre de prérequis propres au modèle
S'il existe différentes façons de procéder, en big bang ou par étapes (modules, sites, filiales, etc.), les intervenants ont expliqué que le passage à un ERP tout-SaaS devait être mené comme un "vrai" projet. Pour Miren Lafourcade, directrice générale de l'éditeur Nout, "c'est un chantier à mener avec la même rigueur que l'adoption d'un ERP en mode on-premise". "C'est vrai en termes de fonctionnalités", a acquiescé Arnaud Merlet, directeur marketing produits et services chez Sage. "Mais il existe un certain nombre de prérequis propres au modèle". Lesquels ? Il faut d'abord opter pour un cloud public ou privé en fonction des contraintes, vérifier les niveaux de services (taux de disponibilité, temps de reprise en cas d'arrêt, etc.), le rythme des mises à jour, la possibilité de personnaliser les écrans, etc. "Sur le plan technologique, il est également crucial de vérifier la qualité de la connexion", a insisté Anthony Delvalle, directeur commercial chez Comarch. Ces vérifications faites, les facteurs clés de succès seraient ensuite les mêmes que pour l'adoption d'un ERP classique. C'est en tout cas l'avis de Jean-Christophe Plazanet, de citer : "l'appui de la direction générale, l'implication des métiers, la mise en place d'une gouvernance". Notamment "la gouvernance des données", a renchéri Christophe Jourdan, "en termes de confidentialité, de réversibilité, de sécurité, etc.".
Avec des questions de plus en plus fréquentes sur le lieu d'hébergement. Considérant effectivement que la protection des données devient une préoccupation majeure des entreprises évoluant vers le SaaS, Proginov a rappelé que des audits étaient régulièrement menés autour de ses solutions, matérialisés à travers différents plans de sécurisation.Voir l'article : cliquez ici